Par MONTS
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et par VAUX |
Du 27 Juillet au 6 Août 99
Prologue
Cette année nous devions retourner en Corse, dans un centre de vacances vers Ajaccio. Les comités d'entreprises et autres regroupements divers, prioritaires sur les simples pékins, s'étant bien servis, nous nous retrouvions le bec dans l'eau, ou plutôt dans la plaine à maïs toulousaine, sans réservation. Mais où trouver de belles montagnes, et de l'eau salée pour Marianne, dans un environnement pas trop bétonné? A la Réunion bien sûr! L'idée était lancée bien tardivement mais notre résolution était ferme, attisée par le mythe tropical et la perspective d'évasion associée.
Il restait quand même un problème majeur à résoudre: qui se chargerait de nos charmants bambins pendant notre escapade? Merci à joli papa et joli maman, vous avez été forts.
Voyage au long cours
Empaquetage des sacs vendredi soir, route pour les Sables d'Olonne samedi matin, largage des deux petites terreurs, route pour Orly lundi matin. Nous empruntons le bus du parking longue durée dans la grisaille, engloutissons une salade sous plastique à la cafétaria, pour nous retrouver coincés dans un DC 10 vieillot d'Air Liberté qui nous emporte vers notre île de beauté de secours en treize heures de vol, dont deux perdues dans une escale tardive à Marseille. Nous passons la nuit au dessus de l'Afrique.
Sur cette image satellite METEOSAT (le DC10 vole plus bas), prise par le radiomètre construit par les collègues de notre entreprise nourricière, on aperçoit La Réunion: le premier caillou à l'est de Madagascar, à côté de l'île Maurice. Avec un écran basse résolution vous n'avez aucune chance de voir la patatoïde de 60 km de diamètre qui constitue notre destination!
Atterrissage sec
Arrivés à Saint Denis, nous sommes saisis par la fraîcheur locale comparée à la canicule métropolitaine. C'est l'hiver austral, et les jours sont courts.
Nous nous rendons aussitôt dans la région de Saint Gilles sur la côte Ouest, car c'est l'un des seuls endroits où l'on peut baigner Marianne puisque le récif coralien protège des grandes vagues de l'océan indien et des requins. Malgré les avertissements, la première impression est un peu décevante. Nous avions déjà eu le privilège de savourer des plages tropicales plus idylliques. Dans cette région très sèche, l'herbe est jaunie. Et puis les promoteurs et autres agresseurs de tous poils commencent à bétonner. Saint-Gilles est encore loin du Cap d'Adge, mais en prend le chemin. Comme en Roussillon la planification étatique n'est peut être pas étrangère à cette transformation. Bref nous ne sommes pas venus voir cela.
Il y a du relief
Nous sommes ici pour faire un tour dans la montagne réunionaise qui possède bien des attraits. En particulier un relief étonnant, fruit du travail de l'érosion sur ce cône volcanique d'une hauteur totale de six kilomètres dont trois émergés. Elle a creusé trois cirques aux pentes bien escarpées et couvertes de verdure. Chaque cirque possède un caractère particulier, principalement lié à l'exposition. Cilaos au sud, est assez sec. Salazie à l'est prend de plein fouet les nuages qui se déchargent sur une végétation luxuriante. Mafate, sauvage, accidenté dans sa partie nord, n'est accessible qu'à pied ou en hélicoptère. Les cirques sont parsemés de petits villages perdus, les îlets, qui furent fondés par des esclaves en fuite (les marrons).
Au milieu des cirques culmine le Piton des Neiges à 3069 m. Le Piton de la Fournaise, volcan encore actif de 2631 m pour le moment, est isolé dans la partie Sud Est de l'île. La lave liquide, de type hawaiienne, coule vers l'Est dans l'enclos entouré de remparts naturels.
Le programme
Notre parcours de randonnée est tout simple. Il s'agit de suivre le sentier GR R1 à partir de Cilaos, pour accomplir en six jours une boucle faisant le tour des cirques en passant par le Piton des Neiges. Une grande classique référencée par tous les voyagistes (REUN029A dans le catalogue Nouvelles Frontières, "Ilets, Rougail et Goyaviers dans l'Océan Indien" chez Terres d'Aventures). Les deux derniers jours nous permettront de faire le tour de l'île avec une voiture de location.
Comme il n'y a aucun problème de logistique nous préférons nous débrouiller seuls pour être plus libres. Les sentiers sont excellents et bien fléchés: heureux compromis entre la tendance perfectionniste vosgienne et l'archaïsme commun en Pyrénées. Il est très facile de se loger chez l'habitant qui est en général très accueillant. Il suffit d'appeler au téléphone pour demander gîte et couverts. Les refuges sont moins faciles à réserver car il faut passer par les fonctionnaires plutôt indolents de la Maison de la Montagne. Ils peuvent être facilement évités, sauf pour la caverne Dufour au pied du Piton. Nous avons dépensé plus d'énergie pour réserver une nuit dans ce refuge, que pour l'ensemble de nos réservations (c.f. facture détaillée de France Télécom), pour finalement découvrir le bon de réservation dans le courrier à notre retour... Cela donne un avant goût de l'ambiance locale: omni présence de l'état à corréler avec un sens du service très discret. Il faut passer par dessus ces menus désagréments pour découvrir la gemme dans sa gangue.