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Risques : quand faut-il s'arrêter ?


Mieux vaut vivre un jour comme un lion que cent ans comme un mouton, proverbe italien

Le premier versant du risque, auquel tout le monde pense d'abord, est tourné vers le danger, l'accident et la mort possibles ; c'est un versant qui provoque le rejet et la réprobation du plus grand nombre [...] Mais l'autre versant du risque est tourné vers un possible surcroît de vie. C'est le versant de la découverte, de l'invention, d'une dynamique à maîtriser ; il motive et réjouit, pique la curiosité et incite à aller plus loin. Le risque est ici un facteur d'épanouissement de la personnalité. Il a valeur éducative. Il va de pair avec le développement individuel et collectif. Il s'apparente au "beau risque" dont parlaient les sages d'autrefois. Il suppose que les espaces de surprise, de risque et de liberté responsable ne soient ni méprisés ni bannis.

Daniel Taupin

Choisir de vivre une aventure implique d'accepter les aléas et les risques associés. L'ascension d'un sommet expose de façon quasiment inévitable l'alpiniste à des dangers objectifs : chutes de pierres, avalanches, arrivée du mauvais temps.

Un grimpeur qui ne choisirait que des itinéraires parfaitement protégés, avec des conditions et une météo parfaites, ne gravirait qu'un sommet tous les deux ans. La prise de risque est inévitable même si elle n'est pas forcément très élevée. On risque probablement moins dans de nombreuses voies qu'en roulant en voiture à 3h du matin devant une boite de nuit.

Néanmoins le danger augmente souvent avec la difficulté des itinéraires. Le taux de décès sur les 8000 m difficiles, comme le K2, me choque. Comme si pour ces grimpeurs d'élite la vie avait moins de valeur que le sommet convoité. Je crois que Pierre Béghin disait qu'il préférait vivre plus intensément sa passion en sachant qu'il s'exposait beaucoup, plutôt que d'avoir une vie insipide.

Où s'arrêter quand il y a des gens qui attendent en bas ? Quand on est père de famille ? Chacun fait comme il veut, mais cela vaut la peine d'y réfléchir. Peut être faut-il commencer par en parler avec ceux qui attendent en bas. Peut être faut-il être sûr qu'on s'expose aux seuls dangers objectifs et non aux erreurs de jugement, aux négligences, aux fautes d'inattention. Dans ce sens mon ami Jean-Marie dit que "il faut réserver le risque pour les grandes occasions", c'est à dire quand il est quasiment inévitable sur la voie choisie après mûre réflexion.

Comment trouver sa propre limite de risque acceptable ? Pour moi la perception de la limite ne vient pas seulement de la réflexion pure mais d'un malaise qui s'installe, issu d'un mélange d'angoisse et de culpabilité de s'exposer au-delà du raisonnable. Ce malaise me gâche le plaisir de l'ascension et constitue ainsi un mécanisme régulateur : je place la barre un peu moins haut la fois suivante. Exemples de courses un peu gâchées par ce malaise : la montée au Grand Combin en ski de rando en restant 2h sous les séracs des Corridors et l'ascension de la face nord du Vignemale en suivant pendant les 800 m d'escalade des gens qui ne faisaient pas toujours attention aux chutes de pierres. Beaucoup d'autres ont parcouru dans des conditions similaires ces grandes classiques, sans états d'âmes. Comme les tuners audio et les téléphones portables, les circuits de détection du danger n'ont pas la même sensibilité chez tout le monde !

Les âmes fortes sont capables de continuer sereines quand elles ont pris une fois pour toutes la décision de poursuivre après une analyse rationnelle de la situation. Comme dit Rébuffat, c'est un "extraordinaire et merveilleux examen dans le secret de son coeur où la prudence risque parfois de n'être qu'un aspect de la lâcheté, et l'entêtement à poursuivre qu'une stupide et dangereuse déformation de la volonté." J'ai l'impression que ce genre d'analyses ne sert pas qu'en montagne…

 

The Parent Trap

Commentary by Matt Akers Hudson

Alex Lowe, the best and brightest mountaineer of my generation is gone. His life was swept away in a massive Himalayan avalanche he was powerless to prevent. His climbing talents and indomitable spirit were universally admired. By all accounts he was a devoted husband and father. His climbing partner Conrad Anker reports, "The strength of Alex, I believe, came not from his famous appetite for training, but from home and the intense love in his life." (Climbing #191, Feb.1, 2000, p.62)

Despite all the love he felt for his family and despite all of his considerable mountaineering talents, one heartbreaking fact remains. His three sons will grow up without a father. This fact begs a fundamental question. How could such a devoted father justify the risks of life as a cutting-edge mountaineer? Alex Lowe knew the risks associated with the activities he chose to pursue. His decision to pursue them is a private matter between Lowe, his wife and his children. It's certainly not my place to judge Alex Lowe's decisions. What I can speak to is how his death has affected my decision making process with regard to my own family.

There is a delicate balance to be struck between the self-actualized life of adventure that animates my soul and the love and duty I feel toward my wife and children. Adventure by definition involves risk taking and uncertain outcomes. It would cease to be rewarding if the risks weren't real. Roller coasters are fun, but they aren't adventurous. You know at the end of the ride you'll be fine. Not so with serious mountaineering or whitewater paddling. The decisions you make and the skills you bring to bear are essential to your survival. This brings the level of engagement way up and makes the game worth playing.

As a single person, I reveled in an adventurous lifestyle. I climbed alpine routes all over the globe and paddled into many uncertain situations. On the occasion of my marriage, I gave some thought to how my wife would be affected if I met with an unfortunate accident. I'm very lucky. My wife is a strong mountaineer and we've shared many adventures. She understands and shares my attraction to adventurous activities. The man she loves and chose to marry was clearly shaped by a life of adventure. In the end, my decisions to engage in potentially dangerous activities weren't changed much by marriage. My wife knew what she was getting into. We both understood that if something terrible happened it would be difficult, but the other would carry on.

The news of my wife's first pregnancy irrevocably changed my attitude toward risk. Suddenly, there would be a little person whose long-term well being was very much dependant upon me. I believe interaction with both parents is essential for a healthy, well-adjusted child. To play the game and lose would have horrible consequences for the people I love. My responsibility to safeguard my life seems abundantly clear.

On the other hand, I feel a subtle, but important responsibility to be a real person for my family. If I am to be a proper role model for my children, I should be a vibrant, happy person, fully engaged in life. To completely give up the activities that have given me such rewards and happiness would leave me hollow. The question becomes one of balance- How to pursue serious adventure while minimizing the chances of not coming back?

Alex Lowe was a hero to many of us. He performed feats in the mountains that few of us could ever dream of. His joy and enthusiasm for climbing were readily apparent. His death had a strong effect. It reminded me that no matter how talented a climber you are, you can never completely escape the objective hazards of the mountain environment. On some level, Alex Lowe must have known he would be killed if he continued. How many times can you fall from shattered ice pillars, be concussed by rockfall, or watch other talented climbers die, without knowing that your number will eventually come up?

My wife and I are planning one more big Himalayan climb. For now, I'll continue to pursue the adventures I love, but selectively. I'll think harder about route choices and try to spend as little time as possible exposed to objective hazards. I'll be more willing to turn back in questionable conditions and cherish each day spent in the mountains. I invite all Rocklist readers to share thoughts about balancing family and adventure by writing to editor@rocklist.com

Copyright, 2000 RockList L.L.C.

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