Par MONTS
Montagnes lointaines Montagnes d'Europe Débats / Panoramas


Accueil

Karakoram

Népal

Mont Blanc

Valais

Interdictions

Sens

Panoramas      
et par VAUX

Traversée des glaciers de Biafo et Hispar (1/4)

Karakoram, Pakistan

Juillet 1989


Les glaciers de Biafo et Hispar, séparés par le col d'Hispar à 5150 m, forment la plus longue étendue de glace en dehors des régions polaires, soit environ 130 km.


Partie médiane du glacier de Biafo, avec le Biantha Brakk (7285 m) à droite.


Ce voyage a dû naître d'une discussion au Balcony, un restaurant de Pittsburgh où nous allions souvent dîner car il attirait d'excellents groupes de jazz et de blues, comme les américains savent en engendrer à profusion. Manu terminait sa coopération et il allait partir au Pakistan pour rendre visite à ses parents expatriés pour quelques temps à Islamabad. J'avais aussi décidé de rentrer en France et comme nous avions dû nous contenter des talus appalachiens comme ersatz de montagnes, l'idée d'aller nous balader dans le Karakoram est venue rapidement.

Mais quelle forme donner à ce voyage ? Préparation du voyage et premiers jours à Islamabad.

Vendredi 30 Juin : Islamabad - Taxila

Les boutiques sont fermées mais le Friday Market, permet de se faire une idée des denrées locales. Les gens sont très sympas et ils discutent facilement. Ils aiment bien se faire photographier, en prenant parfois des poses un peu rigides, et très dignes.



Dans l'après-midi nous visitons les ruines de Taxila, sur la route de Peshawar. On sent ici le poids de l'histoire, et de ses civilisations oubliées, mais il ne reste pas grand chose à voir.

Quelques chameaux traversent devant la voiture. Les locaux conduisent vraiment comme des dingues. Les routes ont la largeur d'un seul véhicule, et le jeu consiste à rouler à pleine vitesse droit vers le véhicule arrivant en sens inverse. Comme les vrais hommes ne se mettent jamais sur le bas côté, la société devient de plus en plus efféminée. C'est peut être pour cela que Benazir Bhutto a pu devenir premier ministre.

Extrait de l'article "Taxila" de l'encyclopédie Encarta 99:

Grand centre culturel, commercial et universitaire bouddhique, situé sur la route de la soie et capitale de la région de Gandhara, aujourd'hui site archéologique du Pakistan. Taxila était établie sur l'importante route commerciale qui allait du nord-est de l'Inde jusqu'en Asie du Sud-Est et en Chine, via Madurai et Ujjain, dans le centre-nord de l'Inde, et, via Gandhara, vers la Perse et la Grèce. Au cours de son histoire, la cité fut contrôlée par les Perses et les Grecs, ainsi que par la dynastie Maurya et les Kushans. Les Maurya facilitèrent le commerce en construisant une grande route entre Taxila et leur capitale Pataliputra, dans le nord-est de l'Inde. La ville devint ainsi le point de rencontre des cultures orientales et occidentales, et attira de nombreux artisans venus du nord de l'Inde qui se mêlèrent aux Grecs et aux Perses : à Taxila, la soie de Chine, le coton, le santal et les pierres précieuses changeaient de main. Il demeure de nombreux vestiges de la splendeur de Taxila, datant du VIe siècle av. J.-C. au XIe siècle apr. J.-C. et particulièrement des vestiges d'édifices de l'époque d'Alexandre le Grand.
Taxila fut aussi un grand centre universitaire bouddhique, où l'étude des Veda, des sutra bouddhiques se développa, surtout pendant la période Kushan (Ier et IIIe siècle apr. J.-C.). L'importance de Taxila déclina après l'arrivée des Huns Blancs au Ve siècle de notre ère.



Samedi 1er Juillet : Islamabad - Besham

Nous retrouvons Moueen à 10h dans les bureaux de PIA pour tenter une nouvelle fois de nous rendre à Skardu par les airs. L'ambiance est tendue. Le guichetier nous donne 4 places, sans que nous sachions très bien pourquoi.

Nous devons donc nous résoudre à faire voyager une partie du groupe par la route. Il faut soit prendre le bus, soit "chartériser" un minibus. Les parents de Manu nous offre très généreusement la possibilité d'emprunter le Pajero et son chauffeur.

Je retourne en taxi chez PIA pour confirmer les billets. Un type me fait griller la queue et personne ne bronche, probablement parce que je suis occidental. Il faudra revenir à 15h, pour la troisième fois de la journée, afin de récupérer les billets !

Nous partons à six vers 14h en direction de Skardu dans le Pajero chargé à bloc, enfin ! Les deux premières heures de route sont très tendues tellement les autres véhicules paraissent menaçants. Nous évitons de justesse une voiture partie en tête à queue. Nous arrivons à Besham à 20h30 après avoir traversé de belles rizières dans la lumière du soir. Comme l'hôtel PTDC, le Parador local, semble cher (350R), nous nous rabattons vers un endroit plus modeste au centre du village (50R la chambre double). Ballade sympa dans la rue parmi les petites échoppes éclairées. Très bon repas pris avec les mains en utilisant de petits morceaux de chapatis. L'aventure commence !

Dimanche 2 Juillet : Besham - Skardu

"Réveil" à 5h après une nuit blanche (bruit + moustiques + duvet trop chaud). Œufs gras. En reprenant la route nous arrivons au dessus de l'Indus, qui nous impressionne par sa puissance. Des affluents aux eaux vertes se mélangent aux rapides brunâtres du fleuve. Nous sommes désormais sur la Karakoram Highway (KKH) qui relie le Pakistan avec la Chine par la passe de Khundjerab à 4700 m. Ce passage est emprunté depuis des temps immémoriaux par la route de la soie.



La KKH dans les gorges de l'Indus

Le paysage devient désertique, parsemé d'oasis. Nous passons au pied du Nagat Parbat qui joue à cache-cache avec les nuages. Nous quittons la KKH pour rejoindre Skardu en 5h par une route plus étroite qui rappelle la route de La Bérarde, en plus exposé. Nous retrouvons Bruno, Dom et sa mère à l'hôtel K2 ou séjournent habituellement les trekkeurs et grimpeurs.

Extrait de l'article "Route de la Soie" de l'encyclopédie Encarta 99:

Ancienne route commerciale reliant la Chine à la Rome impériale, tirant son nom de la soie, principale marchandise transportée. La route de la Soie fut ouverte pour la première fois vers 100 av. J.-C., lorsque l'empereur Wudi de la dynastie Han prit le contrôle, par conquête ou par alliance, de vastes régions de l'Asie centrale. La nouvelle stabilité de la région et la construction de routes sous les Han permirent d'aller de la capitale chinoise Changan (aujourd'hui Xian), en passant par les plaines de Chine du Nord, les montagnes de Pamir et les montagnes de Karakoram, Samarkand et la Bactriane, jusqu'à Damas, Édesse et les ports méditerranéens d'Alexandrie et d'Antioche. La route de la Soie s'étendait sur quelque 6 000 km. De telles distances impliquaient de ne transporter que des marchandises de grande valeur : la soie de Chine, la laine, l'or et l'argent de Rome. Les caravanes échangeaient généralement leurs marchandises dans les comptoirs situés sur la route afin de ne pas effectuer le voyage en entier. La route de la Soie, outre les contacts commerciaux entre l'Orient et l'Occident, permit des échanges culturels et religieux. Des voyageurs et pèlerins firent connaître en Chine le christianisme nestorien et le bouddhisme. La route maritime via l'Inde et l'Arabie transportait probablement plus de marchandises que la célèbre voie terrestre. La route de la Soie fut beaucoup moins utilisée à partir du Ve siècle en raison de l'émergence de l'Islam et du morcellement de l'Empire romain, mais connut souvent un regain d'intérêt lors des périodes plus calmes, notamment sous l'Empire mongol au XIIIe siècle, lorsque Marco Polo l'emprunta pour se rendre en Chine, au cours d'un voyage qui dura trois ans.



Lundi 3 Juillet : Skardu

Journée consacrée aux emplettes. Le guide n'a aucune idée de la quantité de nourriture nécessaire. Il s'en remet à un employé de PTDC, supposé expert en la matière, qui calcule le nombre de porteur et la quantité de vivres dont nous avons besoin. Après un raisonnement plutôt folklorique il conclut qu'il nous faut 100 kg de farine et 7 kg de riz ! Nous faisons toutes les boutiques pour trouver un peson pour faire les sacs des porteurs et distribuer la farine. Nous aurions aimé compléter nos vivres de course, mais nous ne trouvons que des abricots secs, fruit très répandu en pays balti, que le guide nous déconseille car il est réputé indigeste pour les étrangers. Nous achetons 200 paquets de cigarettes pour les porteurs ! J'essaye d'acheter une tente, mais je renonce devant les prix élevés pour du matériel très usagé. Les gens sont relax et sympa.

Nous emballons les charges dans des sacs de toile plastique tressée qui me paraît bien fragile et peu étanche. Je suis un peu stressé car je ne sais pas si nous avons la bonne quantité de nourriture. Nous voulons couvrir deux semaines de marche plus une semaine de montagne et/ou une semaine de mauvais temps. Nous avons emmené à peu près une semaine de nourriture lyophilisée pour 6 pour un sommet éventuel. Combien faut-il prendre de porteurs sachant qu'une personne doit manger environ 900 g par jour ? Si on rajoute un porteur il faut compter sa nourriture, mais pas sur tout le trajet, car on peut le renvoyer au bout d'un moment tant que le col n'est pas franchi. Je regrette de ne pas avoir préparé cette question à l'avance. De nature inquiète, je refais les calculs avec Bruno pendant que les autres jouent à la belote.

Mardi 4 Juillet : Skardu - Alizoing

Mauvaise nuit. Plusieurs d'entre nous sont malades. Nous faisons la connaissance de Mohamed Ali et Mohamed Abbas, respectivement chef cuistot et aide cuistot. Moueen les a fait venir de Nagar, de l'autre côté du col d'Hispar. Il nous dit que leur destination finale devrait les motiver pour réussir la traversée. Je relève l'idée car j'ai lu qu'il arrive fréquemment que des porteurs pakistanais abandonnent leurs charges en cas de mauvais temps, ou pour aller travailler leurs champs. Ici, le trekking et le service royal accordé aux touristes ne sont pas devenus des institutions comme au Népal.

Nous partons vers 8h entassés à une quinzaine avec le matériel sur deux Jeeps. A Shigar tout le village se réunit autour de nous et parlemente durement avec le guide. Ils n'apprécient pas que nous ayons déjà quelques porteurs avec nous et ils voudraient que nous en embauchions chez eux. Nous en prenons quelques uns, qui montent sur les jeeps sans avoir eu le temps de faire leur sac. Ils ont sûrement de la famille plus haut qui pourra les aider. Arrivés à Dassu même scène avec les villageois, en un peu moins virulent. Nous reprenons quelques porteurs.

Après 6h de Jeep nous touchons le bout de la piste à Alizoing. Le cuisinier et son aide préparent aussitôt du thé et des chapatis, sur un feu de bois. C'est sympa d'avoir des cuisiniers ! Ils ne se mélangent pas avec les autres porteurs. Ils n'ont pas le même statut, ne viennent pas de la même vallée, et j'ai l'impression qu'ils parlent des langues différentes. Peut être le Baltit et l'Hunzakit ? Seuls les cuisiniers parlent quelques mots d'anglais.

Un groupe d'américains passe devant notre camp. Leur ascension des tours de Trango a échoué après 5 semaines de mauvais temps.


Le cuisinier prépare le thé

Mercredi 5 Juillet : Alizoing - Chango

Nous partons à 7h après un petit déjeuner chapatis - confiture. Nous sommes 17 : le guide, le cuistot, l'aide cuistot, 8 porteurs et 6 frenchies. Les porteurs ont des charges de 25 kg en plus de leurs quelques affaires personnelles. Moueen ne porte que son matériel, en partie prêté par nous. Le cook porte une charge complète alors que le règlement l'autorise à ne prendre que quelques accessoires de cuisine. Nous portons entre 20 et 25 kg. Nous sommes un peu suréquipés pour la randonnée glacière, mais nous pourrons pousser en haute montagne si l'opportunité se présente. Il a pourtant fallu faire des choix douloureux : nous avons pris le jeu de belote et laissé les boules de pétanque.

Les porteurs marchent très vite, et s'arrêtent très souvent pour se reposer. Il pleut par intermittences toute la journée. Le chemin des gorges de la Braldu est assez exposé. Etroit et instable, menacé par les chutes de pierres, il domine les gros bouillons des eaux des glaciers du Baltoro et du Biafo. Un porteur reçoit une assez grosse pierre sur un mollet et s'en tire avec un hématome. Quelques pierres tombent entre Luc et moi. A deux reprises, nous traversons la Braldu un par un, dans une caisse suspendue à un câble. Cela fait très expé et nous en sommes réjouis. Pour les habitants des villages en amont, ce chemin est le seul accès à la civilisation. Je n'aimerais pas l'emprunter avec une bonne rage de dents.


La rivière Braldu est issue des glaciers du Baltoro et du Biafo


Ici on a pas les moyens de s'offrir des ponts

Nous croisons un groupe qui descend du Broad Peak : échec à 7200 m après 5 semaines de mauvais temps. " Il y a 1 m de neige fraîche au camp de base, vous allez brasser ". Il s'agit d'une expé commerciale menée par le guide Bernard Muller de Chamonix. Je le rappellerai l'année suivante pour lui demander des renseignements sur la voie, pour Blake et Bernd de Pittsburgh qui ont déposé une demande de permis. Il m'a jeté un peu durement en me proposant de m'envoyer son catalogue. Pourtant je suppose qu'il avait bénéficié de renseignements de prédécesseurs désintéressés avant d'emmener ses clients là bas ? Ce jour là on lui avait peut être vendu au marché quelque chose qui ne voulait pas cuire ?

Au premier village après le dernier câble l'accueil est très chaleureux. On nous offre un thé au beurre très dur à avaler. Les hommes sont très cools, et les femmes un peu plus tendues car elles ne sont pas supposées regarder les étrangers. Elles s'enfuient à la vue d'un appareil photo. La vie ici doit être moyenâgeuse. La fumée du feu de bois rougit les yeux. Les maisons sont de minuscules constructions en pierre aux toits couverts de terre. Les poutres proviennent des nombreux peupliers plantés autour du village. Il y a également beaucoup d'abricotiers. Nous voyons plusieurs idiots, probablement issus de mariages consanguins. Les gosses demandent des bonbons, parfois de l'argent pour se faire photographier. Nous ne sommes pas les premiers occidentaux à passer par ici.

 

 



A Chango nous plantons les tentes dans un endroit fort sympathique, sous des peupliers. Le canal d'irrigation est la seule source d'eau. Elle ressemble à du cacao dans nos bouteilles en plastique transparent qui nous servent de gourdes. D'après Moueen les gens du village boivent la même eau boueuse. Il suffit de serrer les dents en buvant pour retenir les plus gros microbes.

Jeudi 6 Juillet : Chango - Askhole

Toutes ces cultures aperçues au cours de notre petite étape m'étonnent. A Askhole, dernier village habité de la vallée à 3000 mètres, on vit dans la boue. L'eau est aussi belle qu'hier. Les gens semblent vraiment misérables. Le chef du village vient nous voir au camping. Il porte une veste aux couleurs de la société Bull probablement donnée par l'expédition de Benoit Chamoux. Quand je lui demande si la route en projet serait une bonne chose, il répond oui sans hésitation, et fait remarquer qu'ici le sucre coûte beaucoup plus cher ici qu'à Skardu.


Le chef du village d'Askhole

Toute la journée les gens déroutent l'eau du ruisseau pour la faire circuler dans les différents canaux d'irrigation et arroser ainsi tous les champs en terrasses. Ce système, qui paraît bien au point, transforme chaque village en oasis de verdure au milieu d'un paysage très désertique. Des villageois veulent nous vendre un mouton pour 1500 Roupies. Moueen nous avait déjà travaillés sur ce sujet auparavant en nous indiquant que c'était la coutume des expéditions et que l'on pourrait le congeler pendant les nuits. Nous refusons poliment en faisant passer le message que nous ne sommes pas sponsorisés par Bull.



Vendredi 7 Juillet : Askhole - Namla

Nous quittons les confins de la civilisation pour nous engager dans la traversée. Le colonel Godwin Austen, de l'armée des indes britaniques, écrivait en 1864 : "C'est par ce chemin (le col d'Hispar) que les hommes de Nagyr avaient l'habitude de venir dans Braldoh (la vallée) et de piller les villages. Leur dernière razzia eut lieu il y a vingt-quatre ans : un groupe de sept à huit cents hommes traversèrent alors le pays et emportèrent avec eux une centaine d'hommes et de femmes avec toutes les vaches, tous les moutons et toutes les chèvres qu'ils purent trouver."

Enfin le temps se découvre et nous passons une belle journée. La vallée s'aplatit et s'élargit un peu. Elle devient moins austère. Nous apercevons de beaux sommets enneigés pour la première fois. A 10h il fait vraiment très chaud sous le soleil, et nous étendons des ponchos sur les bâtons de ski pour manger à l'ombre. Nous partageons la moitié de la charge de Dom qui est un peu malade. Nous n'avançons pas très vite avec 25 kg sur le dos. L'arrivée sur le glacier de Biafo est impressionnante. D'énormes vagues de glace, recouvertes de blocs et de graviers, sont comme canalisées par deux rives massives peu distantes.

Porteurs

Chaussures de haute montagne


Partie inférieure du Biafo

Le camp de Namla est joli : il domine le glacier et offre une belle vue sur les sommets. Les crottes qui jonchent le sol sont attribuées à des ours par Moueen. Il y a également un crâne d'ibex avec ses cornes. D'après Moueen ces animaux sortent de leur cache à la tombée de la nuit. Il faudrait des jumelles. Pendant que Luc, Antoine, Dom et Manu se jettent sur le jeu de belote, je grimpe au dessus du camp plein de motivation, et découvre un sommet puissant qui pourrait être le Masherbrum.

Samedi 8 Juillet : Namla - Mango

La marche dans les moraines est assez dure. Une fois le camp posé nous montons de 500 m avec Bruno. Belle vue sur le Latok 1.



Dimanche 9 Juillet : Mango - Bianta

Nous passons de nouveau pas mal de temps dans les moraines. La remontée du glacier, qui est maintenant bien lisse, serait plus rapide et plus plaisante si nous pouvions marcher au milieu et coucher sur la glace. Mais les porteurs ne sont pas équipés pour cela, et nous devons dormir sur les rives rocheuses.

Le paysage devient grandiose et les pics faciles ne sautent pas aux yeux. Un peu avant Bianta nous trouvons un sac et un jerrycan éventrés ainsi qu'un mot écrit par des Australiens pour mettre en garde leurs successeurs éventuels. Ils se sont fait attaquer par des ours qui leur ont volé de la nourriture. Il y a des traces de pattes.

Arrivés au camp nous distribuons trois jours de nourriture aux porteurs car c'est le dernier endroit où ils peuvent trouver du bois pour faire cuire des chapatis. Nous montons sur une épaule à 4600m, 600 m au dessus du camp. La vue sur le Biafo et la tour de Bianta est fantastique (c.f. panorama en introduction). Nous ne nous apercevrons que le lendemain, avec le recul, que cette épaule n'est en fait que la base d'un sommet très facile qui pouvait s'atteindre en 500 m supplémentaires. Une photo aérienne découverte plus tard montre que la vue sur les Latok doit être exceptionnelle depuis le vaste plateau sommital.


Le Biantha Brakk (7285 m), à gauche. L'arête ouest a été gravie par Chris Bonington et Doug Scott en 1977. Au cours du premier rappel Scott s'est brisé les deux jambes. Il glissa alors qu'il tentait un pendule. La descente dura 5 jours et fut un incroyable calvaire.


Il y a une grosse croupe facile de l'autre côté du glacier, mais elle est plus basse que tous les sommets avoisinants et nous préférons profiter du beau temps pour avancer.

Je monte au dessus du camp à la tombée de la nuit pour faire des photos quand soudain les porteurs se mettent à crier. Le guide siffle. On me hurle " Barres-toi il y a un ours sur ta droite ". Je ne vois rien car mon interlocuteur inquiet ne s'est pas mis dans mon référentiel et je décampe prestement de l'endroit ou le puissant animal m'aurait approché à 50 m. Toute la soirée la discussion tourne autour des ours. Je demande aux porteurs si ils ont peur et ils me répondent par l'affirmative ! Moueen dort dehors et veille sur la bouffe en héros.

Suite

Accueil