Par MONTS
|
||
et par VAUX |
Du 15 Octobre au 15 Novembre 93
GENESE
Mai 1992, première tentative pour un départ au Népal. Le projet échoue assez
rapidement puisque mon chef refuse de me laisser partir en vacances à une
autre période que le mois d'août. Or il semble que la seule période agréable
de trek au Népal aille de mi-octobre à mi décembre...
Mai 1993, mariage : le voyage de noces est pressenti... un voyage terrible,
en autonomie, remake du périple de François au Pakistan. Faute de co-équipiers
motivés, c'est le découragement. Nous avons même failli partir au Brésil !
Finalement, avec la promesse que je vais m'entraîner sérieusement, M. Lecouat
est prêt à partir en voyage organisé, pardon, en trekking assisté depuis la
France.
Nous avions choisi comme itinéraire le tour du Manaslu. Avec mon entraînement,
le passage du col à 5 200 m n'était pas joué.
LE VOYAGE
Samedi 16 octobre - Roissy / Delhi
Un petit parcours matinal dans le parc des expositions de Villepinte absolument
désert, dans une ambiance digne des "passagers du Roissy-Express",
une station de RER et nous voici au point de rendez-vous de NF.
Nous serons dix à partir, y compris l'accompagnateur :
- Un couple d'une soixantaine d'années, assez présent dans le groupe dès le
départ. Ils remportent haut la main le concours du sac le plus lourd, mais
c'est pour la bonne cause : ils ont emportés tous leurs vieux habits pour
les donner aux népalais;
- Un couple plus jeune, enfin jeune comme nous quoi ;
- Un petit jeune (Cf remarque précédente);
- Une bretonne;
- Un bab qui ne quitte pas ses lunettes de soleil à la John Lennon. (Ceci
était écrit sur une base d'observation de 14 heures. Dès le début, nous avions
compris toutefois qu'il n'était pas aveugle.)
- Les deux Lecouat;
- Et notre guide, très communiquant et fort sympa ; il en est à son dixième
voyage au Népal et nous en a parlé de manière enthousiaste et fort passionnante
pendant le trajet entre Francfort et Delhi.
Nous sommes arrivés à Delhi à 22:30 heure française, 5:00 du matin, heure
de Delhi. Nous avons rejoint Francfort en une heure, admiré une salle d'attente
pendant une heure et sommes restés dans l'avion pendant huit heures, pour
nous retrouver à Delhi où nous allions à nouveau passer huit heures.
Dimanche 17 octobre 93 - Kathmandu
Nous avons donc passé une folle nuit dans la salle d'attente, puis
dans la salle d'embarquement de Delhi, allongés sur les fauteuils, réveillés
à chaque quart d'heure par les annonces inarticulées mais très bruyantes de
l'hôtesse de garde.
Le ciel népalais était un peu brumeux et nous avions été placés sur le côté
droit de l'appareil donc du mauvais côté, celui d'où il n'y a rien à voir.
Néanmoins, nous avons vu par dessus les épaules de la rangée de gauche la
chaîne de l'Himalaya.
C'était très beau et nous avons été émerveillés.
En arrivant à Kathmandu, assez bien sonnés par le voyage, nous avons été achevés
par le bruit et la poussière de la ville : toutes les voitures et les motos
fonctionnent à l'essence et au klaxon. En descente, lorsque la voie est à
peu près dégagée - deux piétons, deux vélos et un rickshaw de front- les taxis
se mettent en roue libre et préviennent gentiment qu'il faut s'écarter :
"Couinnnnnntuttttt"
Tout le monde ici a l'air sympa, souriant, heureux. Coupez le son et les vacances
éternelles commenceront.
Nous prenons un grand chemin des écoliers, à travers la vieille ville. Swayambhunath
s'atteind théoriquement après une petite marche de trente minutes. En fait,
nous marchons deux heures avec pour horizon le stupa à gauche puis à droite,
devant et à droite un peu en arrière. Nous arrivons à la lumière rasante du
soleil couchant et François nous fait une petite vingtaine de photos dignes
d'un concours.
Le stupa de Swayambhu domine la ville de Kathmandu. Sa fondation remonterait à plus de 2000 ans, soit 540 ans après la naissance de Bouddha.
L'hémisphère du stupa, que l'on longe dans le sens
horaire, est entouré de petits temples
Au soleil couchant, puis couché, petite balade retour dans la
ville, en terminant par le quartier des bouchers, pour se mettre en appétit.
Dîner avec le reste du groupe. Nous goûtons notre premier dal baht (riz et
lentilles) du voyage et obtenons confirmation des personnalités marquantes
à se taper pendant vingt jours de marche. Diagnostic : rien de très grave.
Dodo (long).
Lundi 18 octobre 93 - Kathmandu - Patan - Pashu Patinath - Bonath
En taxi, départ vers Patan. C'est une ville aussi ancienne que Kathmandhu,
très décorée : des vieilles maisons en bois sculpté à tous les coins, bords
et balcons de rue. Le palais royal, le temple d'or, le temple aux mille Bouddhas,
nous allons tout admirer, guidés par Parwath, un népalais de 14 ans qui corrige
mes fautes de prononciation en népalais et surtout parle parfaitement anglais.
Il dit qu'il est écolier, en vacances à l'occasion de la fête de Dasain qui
a lieu en ce moment.
De Patan, re-taxi vers Pachu Pathinath, la Bénarès népalaise puis la stupa
de Bonath.
Encouragés par notre expérience de Patan, nous avons embauché un guide à Pachu
Pathinath qui s'est révélé une catastrophe et a réussi la performance de ne
pas nous laisser apprécier des lieux pourtant de toute beauté.
Mardi 19 octobre - Kathmandu - Gorkha
Six heures de car et six arrêts réparation : train arrière, fuite
de gaz oil, pont avant, essence...
Des rizières qui montent jusqu'en haut des montagnes, des routes défoncées
par la mousson, des camions habillés en fête.
Pour les teintes pastels, voir de l'autre côté de la rue!
Arrivés à Gorkha, nous sommes assommés. Un petit passage à l'ombre et nous voilà repartis pour la visite du palais ; je n'ai pu atteindre le sommet de Gorkha où se trouve le palais car j'ai été distraite par ma "discussion" en népalais avec une petite fille. Ma conversation malheureusement se résume à "Quel est ton nom ?" et "Mon orange est de couleur orange". Un peu court pour lier connaissance, mais c'est ce que me permettent de dire les leçons 1 et 2 du manuel de conversation que j'ai acheté à Kathmandu.
Les porteurs ont planté les tentes, installé une table et des pliants sous
une tente mess et préparent le thé pour notre retour : luxe.
L'équipe de marche se compose de dix touristes et de vingt népalais dont le
sirdar, Siem, guide en chef qui parle assez mal anglais a toujours le sourire,
trois sherpa chargés d'ouvrir et de fermer la marche, un cook, deux kitchen
boys et treize porteurs.
Jeudi 21 octobre - Arughat Bazar
Voici deux jours que nous marchons. L'effort physique n'est pas impressionnant,
les paysages sont beaux, tout va bien.
On nous a adjoint un "officier de liaison", c'est à dire un policier,
puisque nous allons approcher des montagnes tibétaines vers le milieu du voyage
et aussi parce que la région que nous allons traverser a été interdite jusqu'en
1991 aux touristes. Il ne parle pas bien anglais, ne discute pas avec nous,
ne se mélange pas non plus à l'équipe des porteurs, ne porte même pas son
sac, en un mot, ne fait rien. Ce soir, tandis que les porteurs montaient les
tentes, pendant que nous les aidions et vidions nos sacs, ils est resté absolument
immobile. Question à élucider au cours des 22 jours suivants : est il capable
de faire quelque chose ?
Depuis deux jours, nous sommes restés entre 1000 et 500m. Le premier jour
était magnifique, de Gorkha à Kantchok. Des paysages de rizières, des petits
villages où nous étions salués de "Namaste". La lumière du matin
et du soir est très belle et très transparente. Entre les deux, brume de chaleur
et chaleur écrasante. Le repas de midi est chaud, servi sur une nappe : le
luxe.
Nous marchons cinq heures par jour. Lever à six heures, réveil par un cuisinier
qui apporte une tasse de thé. Nous plions le matériel, rangeons nos sacs pour
finir devant un petit déjeuner style "continental breakfast". A
sept heures, estomacs pleins, nous partons, en laissant aux porteurs le soin
de ranger les tentes, laver la vaisselle et porter nos sacs jusqu'à l'étape
suivante.
Hier soir, nous avons dormi dans une rizière, au calme, face à l'Himal Chuli
et à l'Annapurna II (Khanchok). Ce soir, nous sommes sur un "terrain
de camping", à coté d'un groupe de dix-huit touristes français et cinquante
porteurs et d'un autre groupe de sept touristes écossais plus porteurs. Ca
fait du monde.
"Le sirdar des écossais est un sherpa du Khumbu très vif et super
sympa. Leur cuisinier du Cachemire nous a offert une excellente tasse de thé.
Nous avons discuté pendant une demi-heure avec eux (François + Daniel). Le
trek préféré du sirdar est le Mustang. Apparemment, il est frappé par la culture
locale (danses et masques...). En deuxième position de ses destinations préférées
(12 treks par an) vient le tour du Manaslu! Je ne sais pas si c'est uniquement
par souci commercial qu'il nous a décrit les changements de végétation et
la vue magnifique sur les hauts sommets. Non, il apprécie les paysages lui
aussi. Il lui semble également que les derniers jours de notre circuit soient
bien vus (nous rejoindrons Pokhara au lieu de prendre le camion plus tôt).
D'après lui, il y a trois treks devant et trois derrière : le Manaslu devient
très fréquenté bien qu'on en soit seulement à la deuxième année d'ouverture
par les autorités. La région natale du sirdar, le Khumbu est aussi très fréquentée
et il prétend l'éviter ?! Il bosse toujours pour la même agence et peut-être
n'a-t-il pas souvent le choix de ses destinations. La plupart de ses treks
sont plus courts que le Manaslu. Un nombre de 8 à 10 participants lui semble
raisonnable alors que l'équipe de 18 trekkeurs qui campe à côté le choque
par sa taille qui atteint la limite du gérable. Daniel n'a pas osé demander
le nom de l'agence responsable de ce bouchon en perspective. Je vais essayer
de leur demander demain pour éviter ces craignos la prochaine fois. Ces voyages
organisés c'est vraiment la roulette. Alors, autant prendre le moins cher
? En tout cas pour nous cela se présente très bien. Nous allons essayer de
nous endormir maintenant dans le bourdonnement des insectes démesurés de cette
jungle montagnarde qui surprend quand même !" (écrit par François)
Dans la journée, nous avons traversé la vallée des papillons et des petits
animaux: libellules bleu lavande ou rouge fluo, sauterelles de taille comestible.
Nous avons vu des papillons noirs avec le bout des ailes bleu cobalt, des
grands, de la taille d'une petite soucoupe. Je frémis lorsque j'imagine quels
bestiaux nous risquons de rencontrer, si toute la faune est à la même échelle.
J'ai remarqué de plus que dès que nous arrivons à l'étape et voulons entrer
dans une tente, il se trouve toujours un porteur pour se jeter dans la tente
avant nous, l'air vaguement préoccupé "tent clean?" et se hâter
de regarder partout. Encourageant non ? Sans parler des araignées géantes
que nous croisons tout au long du chemin.
Dimanche 24 octobre - Arughat Bazar - Sotikola - Machu Kola - Boban
en trois jours de marche
Voici trois jours que nous remontons le cours de la Buri Gandaki.
Les gorges de la rivière semblent toujours plus profondes et toujours pas
de sommets enneigés, sauf ce matin, pendant un quart d'heure. Déception.
Comme partout il faut être attentif aux besoins des clients fortunés
Le temps a été assez nuageux vendredi et samedi. Il a même plu et les porteurs
se sont perdus, dans un chemin péteux, car la nuit était tombée plus vite
que d'habitude.
François fait un peu la tête et est en train de se consoler en mangeant des
amandes en suisse, sous sa tente. J'ai beau lui faire remarquer que nous voyons
des choses intéressantes, des fleurs, des insectes et bien sûr des gens, il
me dit que sur 99% des terres habitées, il y a ce genre de spectacles mais
qu'il n'y a qu'au Népal qu'il y a des
MONTAGNES
et que cela le fait c cc de ne pas en voir.
7ème jour de marche. Nous continuons de longer ces putains de gorges. Le chemin
monte et redescend sans arrêt. Nous passons d'une rive à l'autre de la Buri
Gandaki sur des ponts de ficelles et de planches pourries. A certains endroits,
le chemin a été emporté par une coulée de cailloux. Il faut regarder ses pieds
et respirer profondément pour ne pas tomber dans la rivière, cinquante mètres
plus bas.
Les interminables gorges de la Buri Gandaki
Cet après-midi, un porteur a failli partir pour le grand saut : nous l'avions
repéré avant, car il semblait spécialement mauvais ; recruté à Boban, en remplacement
de porteurs qui voulaient rentrer chez eux pour Dasain, il n'a pu porter de
charge avant le lendemain. Cause : alcoolémie largement au delà des limites
autorisées pour aller porter cinquante kilos sur des chemins glissants, pentus
et au bord du vide. Le sirdar n'avait pas osé lui confier autre chose que
le sac à dos de l'officier de liaison (encore un métier à risque que celui
d'officier de liaison).
Aujourd'hui, un peu plus à jeun, il est entré en fonctions. Il a toujours
l'air un poil hébété et a donc failli aller à la baille. Le sherpa qui le
suivait l'a rattrapé par le bout du bout de sa charge, au moment ou son pied
glissait. Notre porteur rescapé a beaucoup ri de son aventure. Nous moins...
En plus ce sont nos sacs qui étaient sur son dos !
Les porteurs récupèrent en déposant leurs charges sur des murets adaptés qui longent les chemins
Lundi était le dernier jour des fêtes de Dasain. Le matin, nous avons traversé
un village dont tous les enfants étaient habillés de neuf. Les rues et les
maisons étaient rangées, nettoyées, briquées. Les villageois avaient la marque
au front, faite de riz et de teinture de couleur - la thikka - et des guirlandes
de fleurs autour du cou.
A midi, repas de fête, les cuisiniers sont arrivés en procession avec le sourire
le plus large aux lèvres. Nous avons tous eu droit, de la main de l'officier
de liaison à la thikka et à un verre d'alcool de céréale - le chang. Au menu,
salade, haricots verts, chapatis, beignets au fromage. La fête tout simplement.
Moulin entraîné par un ruisseau. Les vibrations du bâtonnet font tomber les grains de maïs au fur et à mesure.
Un peu de marche agrémentée de renvois de fromages (les beignets bien sûr...)
et nous voici, après un dernier escalier à Philim.
L'officier de liaison, alias "Prlrim" avait acheté un bouc. (Le
rôle de l'officier de liaison nous est alors apparu plus clairement). Le temps
que nous allions nous promener "en ville", le bouc avait été trucidé.
Nous avons plus où moins visité Philim, bourg d'une trentaine de maisons,
bu une bière, pour accompagner les népalais locaux, torchés à l'alcool local,
le rakchi, en l'honneur de Dasain. Alors, nous avons poussé jusqu'à la Gumpa
du village (monastère) pour rendre visite au lama. Ceci nous a permis de visiter
les poulailler de Philim - nous avions perdu notre chemin - et de voir à quoi
ressemble un lama bourré. Notre bonhomme avait en effet accompagné ses ouailles
et nageait dans le rakchi.
De retour à notre tente, nous avons eu droit à un dîner avec de la viande
- de bouc. En dessert, le cuisto est venu au son de la flûte et du tambour
présenter un gâteau de fête : quatre-quarts aux raisins et noix de cajou fait
au feu de bois, glacé et décoré de "Happy Nepali Festibal 1993 - oct
25". C'était du meilleur effet et nous avons été émerveillés.
En retour nous avons offert la tournée de rhum et le tout s'est terminé au
son des chansons népalaises ; nous avons dansé en tentant lourdement d'imiter
les porteurs.
De Philim à Deng, le chemin grimpait pas mal et était assez accidenté : chemin
de 50 cm de large avec vide 60m à droite et paroi rocheuse à l'équilibre incertain
à gauche. Dur donc, d'autant plus que la crève commençait pour moi.
Deng est apparu à un virage de gorges, tout petit village de quatre maisons
avec un "tea shop" et des bières. La rivière était bien froide,
nous commencions à apercevoir les "cimes enneigées" et c'est le
premier soir où nous ne nous sommes pas lavés.
Jeudi 28 octobre - Deng à Namru et Namru Kyubun
Depuis mercredi, nous sommes sortis des gorges. Les dénivelés deviennent de
plus en plus sérieux et les vues belles. Nous entrons dans la régions des
villages tibétains. Le village où nous avons dormi, Namru, se trouvait d'ailleurs
à la frontière du Tibet.
Une rivière et une série de montagnes marquent la frontière entre le Népal
et la Chine, à portée de pieds de bons randonneurs. A Namru, nous avons fait
notre premier feu de bois, pour compenser un froid cinglant.
Ici les femmes portent des ceintures en argent très travaillées, des colliers
de turquoise et de pierre rouge. Les hommes ont souvent des sortes de boucles
d'oreilles en turquoise. Tous sont d'une saleté qui ne peut à mon avis s'obtenir
qu'au prix d'années hors de la présence de savon ou d'eau. Il faut dire que
leurs villages sont éloignés de tout donc en particulier de marchands de savons
et que l'eau de la rivière est très fraîche.
Les maisons des villages sont recouvertes de tuiles de bois. Dans chaque village,
au moins une stupa et un beau moulin à prières. Ce matin, des moulins à prières
en cuir qui semblaient très anciens. Très souvent, des murs de "mani"
de 5 à 15 mètres de long. Il s'agit de pierres sculptées de prières bouddhiques,
les mantra, ou de représentations gravées de Buddhas ; comme les népalais
sont en majeure partie illettrés, le seul fait de passer la main sur un "mani"
vaut une prière, que le fidèle n'a pas le temps et le moyen d'apprendre par
coeur.
Mercredi, nous avons aussi croisé les sherpas d'une expédition russe, puis
les alpinistes eux-mêmes. Ils ont tenté l'ascension du Manaslu. Trois ont
atteint le sommet, deux sont morts. Les russes qui redescendaient avaient
l'un les doigts gelés, l'autre l'air épuisé. Nous avons appris qu'une expédition
autrichienne avait elle envoyé une personne au sommet et subi deux morts.
Pour ma part, regarder d'en bas me suffit. Ce soir, nous campons au pied du
Manaslu. Demain matin, lorsque les nuages se seront dissipés, nous devrions
avoir un panorama d'enfer.
Le Manaslu apparaît enfin!
François revit.
Les porteurs népalais et l'officier de liaison se sont bien distrait mercredi
midi, pour marchander dans un hameau auprès de pauvres hères tibétains des
pierres "aux trois yeux de Buddha" censées porter chance. Le prix,
parti de milles roupies est descendu le temps d'une pause repas (trois heures)
à 100 roupies. Le vendeur était loqueteux et d'une saleté qui repoussait les
limites connues. Il a finalement été d'accord pour en vendre cinq puis s'est
repris lorsqu'on lui a offert un billet de cinq cents roupies. Apparemment,
il n'en avait jamais vu de semblable auparavant : l'équivalent du prix de
deux revues en France lui était apparu comme une somme géante. Qui aurait
la monnaie d'un tel billet dans son village ? Il préfèrait encore quatre billets
de cent roupies.