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A quelles règles l'alpinisme doit-il pouvoir échapper ?

Extrait d'un débat sur le forum du magazine Vertical


Sur ce sujet, vous trouverez matière à réflexion dans la tribune libre
de Bernard Amy, Pierre Chapoutot et Claude Gardien,
publiée dans le numéro 106 de Vertical, daté mars 1998.

LES REPONSES :

Cédric Gerber
Jacques B.
Eric Escoffier
Franck Buchy
Grégoire Clouzeau
Jean-Christophe Nicolau
Jean-Luc Borelli
René Sournia
Philippe Wourm
Grégoire Degueurce
Gérald Trocadéro
Isabelle Sylvain et André Reboux
R. Franchin
Pierre Bonnard
Pierre Puiseux
Pierre Bonnard


... A celle de la montagne

Citoyen suisse et alpiniste, je dois avouer que chez nous, cette tendance à vouloir tout régir est moins palpable, certainement du fait que les activités de montagne se développent moins vite que chez vous. Nous ne sommes toutefois pas à l'abri de divers problèmes et grimpant souvent chez vous, chers voisins et amis, je me sens concerné. Pour en venir au fait, je pense que l'alpinisme (et les alpinistes) doivent pourvoir échapper à toute règle hormis une : celle de la montagne. Car quoi d'autre nous pousse à aller là haut si ce n'est d'accepter cette règle ? Et l'alpiniste de dire : « Je suis venu ici. J'assume. » Qui d'autre que l'alpiniste devrait assumer un accident. La commune, le maire, l'éventuel propriétaire ou encore l'ouvreur car sa voie est exposée ? Où allons-nous ? Devrions-nous coller un procès aux météorologues si l'orage est arrivé plus tôt que prévu et que les choses ont mal tourné ? Un peu de sérieux, s'il vous plaît. En guise de conclusion, je voudrais dire à messieurs les régisseurs, « réglementeurs » et autres empêcheurs de grimper en rond : laissez-nous libres, libres de nos choix et de nos décisions. Et si nous transgressons les règles du jeu, la montagne se charge bien assez vite de nous rappeler qui est la maître. Et ce ne sont pas des piles de feuilles noires d'articles de loi qui y changeront grand chose.

Cédric Gerber, Prilly, Suisse


Rêve ou cauchemar ?

Je suis inquiet, très inquiet.

Voilà plusieurs mois que je lis des phrases, des textes que je ne veux pas lire. Un comble. Un comble de situation, un vide à combler ou les combles qu'on débarrasse ? Peut-être tout cela à la fois. Une partie de « mon » journal préféré, de montagne et d'aventure, Vertical (si, si...), est consacré à la législation en montagne. J'ai même du mal à l'écrire... Mon stylo voulait me refuser son encre... La montagne, privilège de l'impossible ? Oui, tout à fait. Tout à fait.

Désormais il faut dire : "La Patagonie, paradis des chercheurs, des voyageurs, des alpinistes... et des législateurs.

Je me demande : suis-je trop vieux pour faire de l'alpinisme ou trop jeune pour me lancer dans des études de droit de la montagne ?

Comment faire ? Une idée : former les jeunes alpinistes, professionnels de la montagne à pitonner ou « jumarrer » avec le Code dans l'autre main. Après tout, les expés himalayennes se sont accoutumées à l'officier de liaison. Nous aurons bientôt, en Europe, un avocat spécialisé à chaque sortie. Et qui sait, des permanences sur les pistes, dans les gîtes et les refuges. Se marrer. Le titre de ton dernier édito. Il était bon de le rappeler. De rappeler que ceux qui se marrent aujourd'hui seront peut-être absents demain et qu'à aucun moment ils n'ont réclamé par avance notre chagrin. Une idée : un sac à dos aura une poche étanche au format réglementaire du Code...

Une via ferrata au col Sud de l'Everest avec clôtures aux normes AFNOR et ISO 9002. Nul n'est censé ignorer les barbelés. C'est la loi. J'ai peur. Vraiment. Peur de ne pas être arrivé à temps. On m'avait dit : ton rêve, c'est entre la montagne et toi. Mais voilà, c'est plus tout à fait un rêve, la peur du cauchemar s'y installe et entre la montagne et moi se dresserait un fonctionnaire anonyme (et frustré ?). Déjà que ça a pas l'air facile alors, si en plus, il faut se retourner à chaque pas pour demander la permission.

Ceci étant dit, il me semble que notre bonne vieille copine la télé nous montre de plus en plus de montagne. Mais j'ai toujours ce goût d'inachevé après ces trente ou cinquante minutes : rien ne m'a été révélé, aucune vérité fondamentale ne ressort dans les cinq dernières minutes. L'impression que d'abord on nous éduque, on nous montre que ça existe, que c'est comme ci et comme ça avant de nous révéler l'essence intime d'une cordée, d'une voie, des motivations de sa conquête, la voie par la cordée ou la cordée par la voie.

Qu'a pu penser le législateur en voyant monsieur Lafaille au sommet d'un 6 000 et le nommer du nom de sa fille ? « C'est légal ? Y'a des droits ? ». Vas-y monsieur Lafaille, grimpe, grimpe encore et baptise, baptise à tour de bras. Tu te fais plaisir, tu nous fais plaisir et accessoirement ça fait plaisir à ceux que ça emmerde : pour ceux-là, les deux se confondent... Et qu'ils te suivent en Patagonie, aux Droites et au Kumbhu, nous, on leur sabotera les coques et les duvets au camp de base. On va se marrer. A propos du guide inculpé aux Orres, cela se résume à dire qu'il a emmené ses clients sous une avalanche... Ah ! au fait, marins, si vous sortez en mer avec un équipage, attention, tempête interdite. La montagne avec options : avalanches, crevasses, froid intense, etc. La mer aussi.

Et la Vanoise ? En hiver, de nuit et en apnée ! Auparavant, seules les réalisations que l'on pouvait prouver étaient irréfutables, les autres pouvaient être mises en doute. Désormais, il faudra privilégier la clandestinité la plus totale : Millet va bientôt nous sortir un catalogue camouflage.

Dis, au fait, le mont Blanc (ou un autre), c'est quand ?

Banzaï !

Jacques B., Premery


Risque zéro ?

Bravo à Jean-Michel Asselin pour son édito Intitulé « Sauvages », bougrement réaliste et bien senti, et surtout merci pour la montagne, celle où l'on peut encore se sentir bien...

Ce jour-là effectivement, l'amphithéâtre grouillant et bouillant de l'Ecole nationale de ski et d'alpinisme était aux antipodes. Je suis passé, m'y suis senti hors sujet et suis donc parti.

Oui, je parle de la même montagne que vous, qu'elle soit du week-end ou de la semaine, c'est la montagne pratique qui nous concerne tous, la vraie, la libre, pas la montagne virtuelle (politique ou juridique). Ce pourrait être demain les assises du parapente ou bientôt celles du snowboard. Quand il y a assises, cela implique, au-delà de l'accusé, une sanction et une fin toute proche. Si le code moral, tacite et souple fout le camp, I'implacable loi arrive au galop, avec son automatique armada de restrictions et de permis... (et qui est ce Pascalon, a-t-il seulement randonné une fois dans sa vie ?)

Mais permise ou interdite à qui ? Selon quels critères ? Déterminés par qui ? Sûrement pour occuper la foule de fonctionnaires Jeunesse et Sport. Les gendarmes suffisent sur les routes,et pas besoin de bison futé.

De tous temps, il a été admis que des femmes ou hommes se tuent au travail (à la mine, dans la recherche...), là où réside une obligation certaine et où le risque devrait pourtant avoisiner le zéro. Alors pourquoi vouloir réprimer la singulière folie meurtrière, souvent volontaire, passionnelle, isolée et jeune (inexpérimentée) en montagne ?

Le sécuritarisme n'y est pas de mise. Préférons lui une information, une éducation tacite (encore) et des résultats toujours aléatoires. La prise de responsabilités individuelles face aux multiples risques (échec y compris) éviterait des angoisses folles ou des impossibilités modernes.

Les erreurs sont là. La montagne ne se prête sûrement pas à un développement de masse. En témoignent les innombrables studios vides et l'inflation de remontées mécaniques inutiles.

Les parcs nationaux sont des faux amis. On y surprotège pour mieux dénaturer juste autour, en s'en mettant plein les fouilles au passage...

...Liberté, espace, plaisir et richesse, la montagne demeure un monde de partage où seul peut valoir le libre arbitre entre montagnards de souche ou de coeur. Cette filière n'est enseignée dans aucune école, il n'y a que les amateurs de vie intense qui trouveront leur voie dans la grande aventure de la vie. Pas plus con qu'un autre, vous devriez chercher.

Tribune libre : Alors si Pascalon est un fieffé randonneur, Ballu serait un authentique historien et moi, le pape... (mais ma secte est tout de même réduite, gratuite et d'obédience libre).

Je n'ai pas lu Les alpinistes, et je préfère essayer d'en faire le plus longtemps possible. J'en étais sûr, je savais que Ballu avait un champ de vision étriqué.

A son heure de gloire, échu monsieur montagne (par copinage), il se serait bien promu lui-même ministre de la Montagne... Mais il aurait fallu avoir une vision synthétique du milieu, tant du décor, que du genre grimpeur...

Son histoire revue et corrigée de l'alpinisme s'arrête à Christophe. Cette obsession est bien louche, mais que Christophe me pardonne, s'était-il fait laver le cerveau avant la trilogie ? Ou était-il habillé en costume d'époque ? Alors où est l'exploit ? (I'hiver dernier, il y en a qui l'aurait vu tourner autour de la Cabolée, tout nu...).

L'histoire ne s'arrête jamais. Elle n'attend ni Ballu, ni personne, elle s'écrit tous les jours, et personne ne sait ce qui ne sera même pas possible demain. La vie n'est pas linéaire, en plus d'être tortueuse, il peut y avoir des breaks et des bonds en avant. L'alpinisme est ainsi, un stop n'est pas la mort, mais une réflexion, avec une nécessaire prise de recul et une judicieuse réorientation. Affirmer une telle sentence relève de la pure fiction et d'une réelle prétention.

A quand l'enterrement en grandes pompes ?

Eric Escoffier, Chamonix


Pesanteur réglementaire

Voici une kyrielle de réponses à votre question : à quelles règles l'alpinisme doit-il pouvoir échapper ?

Tout dépend de l'endroit où il est. Parce que s'il se trouve au sommet d'une montagne, ce sera plus difficile de leur échapper !

Aux lois de la gravitation universelle bien sûr ! Parce qu'en terme de pesanteur législative et réglementaire, I'alpiniste fait désormais figure de bonne poire ! Attention, les Guillaume Tell de tous poils (surtout d'hermine) à la gâchette hygiéniste sont prêts à enflammer de leurs flèches régaliennes cette pomme de discorde si chère a Newton. L'alpiniste doit aussi échapper aux lois de la gravité pour éviter de tomber ; accessoirement.

L'alpinisme doit échapper à la sacro-sainte règle des deux poids, deux mesures !

L'alpinisme doit avant tout se soustraire à la fameuse règle de trois qui consiste à chercher le quatrième terme d'une proposition dont on connaît les trois autres. Et réciproquement. Donc à vos sondes et à vos ARVA !

Si l'alpinisme moderne peut encore échapper à une règle aujourd'hui, c'est bien à celle de l'antique principe d'Archimède qui soutient que tout corps plongé dans un fluide subit une poussée verticale dirigée de bas en haut, égale au poids du fluide déplacé. Vive la neige et la glace !

Franck Buchy, Monswiller


Encore le faucon...

(...) Des quelques falaises où grimpeurs et naturalistes s'étaient entendus pour limiter la fréquentation, on passe aujourd'hui à des pans entiers de départements ou de régions qui sont interdits sans concertation. Les grimpeurs ne peuvent intervenir puisque dans la plupart des cas, ils ne sont même pas au courant de l'interdiction. L'arme absolue étant l'arrêté préfectoral de biotope pour lequel il n'y a ni enquête publique, ni affichage sur site ! Pire, certains de ces arrêtés sont pris sans raisons apparentes. Le cas des faucons pèlerins est édifiant. Menacés dans les années 80 et inscrits comme tels sur la liste des espèces protégées, ils sont aujourd'hui plus d'un millier à nicher en France. Il ne s'agit plus de protéger une espèce en voie de disparition mais, comme on l'a vu récemment dans un texte officiel, de « permettre au faucon pèlerin de conquérir de nouveaux territoires » ! Cela me rappelle le film L627 de Bertrand Tavernier où cinquante grammes de drogue et 10 kilos sont valorisés de la même manière dans les statistiques de la police. A la fin de l'année, c'est le nombre des interventions du commissariat qui compte et pas les quantités saisies ! (...)

Grégoire Clouzeau, Cosiroc


Respecter la vie

(...) L'alpinisme n'est-il pas inscrit dans beaucoup d'esprits comme le sport de l'inutile ? Ajoutez à ces petits esprits des enjeux politiques, pratiques et médiatiques, un naturaliste anti-crampons, un homme de loi frileux et un accident survenu précédemment défrayant la chronique et vous aurez tous les ingrédients pour nous voir interdire l'accès aux cimes de nos passions. (...) La montagne est une (...) découverte de la vie qu'il faut préserver pour nous et nos enfants. Elle nous rappelle souvent qu'elle est sans pitié parce qu'il faut la respecter comme on respecte la vie. (...)

Jean-Christophe Nicolau, Limoux


Note discordante

Les Alpinistes sont des Hommes comme les autres !

Finalement... !

Pourtant j'y avais cru. Les grandes envolées Iyriques des grands héros de l'Alpe dissertant à qui mieux mieux sur le spirituel, le métaphysique de l'activité, Asselin en tête.

Non, I'alpinisme n'était pas un sport de bourrins, mais plutôt d'intellos (parfois tourmentés). Une quête et cet esprit nous mettait à l'abri des dérapages obscurantistes du reste de l'humanité.

Mais...

Mais, on l'a senti venir, petit à petit, d'un Vertical à l'autre (I'actualité bouillonnante aidant), cet édifice presque religieux s'effrite et voici venir un manifeste !

Les alpinistes basculent dans le camp des populations opprimées et sous couvert de cette présumée persécution, se mettent à déraper : les alpinistes sont bien des hommes comme les autres.

Comme d'autres corporations, ils se mettent à part (et si possible au dessus) en rejetant la société moderne, en s'accaparant un milieu au nom d'une idéologie au demeurant fort louable.

Et tout cela fait tristement penser à ces lobby (chasseurs, agriculteurs,...) conservateurs et protectionnistes. Alors quoi ? Nous ne valons pas mieux ?

A vous lire, le monde entier se ligue contre les alpinistes. Mieux, on apprend que « I'espèce humaine est une espèce en danger » (sic et resic).

Nous y voilà  c'est bien ce côté anti-écolo primaire qui me titille.

Si le reste (les lois, les responsabilités...) ne sont que tergiversations bassement anthropiques, I'aspect écologique et I'impact sur l'environnement ne relèvent pas de la même problématique.

Comment parler de pureté, de virginité, de sauvagerie quand on voit des pylônes, des pistes, des ordures, des camps de base-dépotoirs, des pieds de falaises saccagés, des classiques parsemées de vieilles sangles et autres anneaux qui sont remplacés (et c'est bien) mais pas redescendus, etc.

Non, les activités sportives de montagne (I'alpinisme au sens large) ne sont pas sans impact sur l'environnement.

Vous évoquez le ski hors pistes. On pense alors aux stations et là il ne s'agit plus d'impact mais de massacre ! Et au fond, pourquoi pas aujourd'hui des remontées sur le désert de Platé pour profiter encore mieux des hors pistes à la pointe d'Anterne ou d'Ayeres. Dans Gypaète Airlines (Aravis), on est heureux d'être survolé par ce vautour, mais les alpinistes ne pensent plus à lui quand ils équipent toujours plus près de son aire. Alors que ce site est actuellement le seul lieu naturel de nidification de cet oiseau en Europe.

Deux exemples parmi tant d'autres qui nécessitent aisément ce contrôle que vous redoutez tant.

Si le bonheur de l'alpiniste doit se faire aux dépens de la source qui le génère, où est le sens ? A l'évidence, I'évolution actuelle et notamment la surfréquentation (qui amplifie les nuisances) appellent un certain contrôle, n'en déplaise aux plus free et aux plus forts. Effectivement, il a beaucoup à dire sur ce contrôle : par qui, pourquoi, comment ? Mais il semble maladroit, surtout en cette période de crise, de faire tout un pataquès. Il est plutôt malvenu de remettre en cause certaines choses comme l'Europe et Natura 2000, les lois, les Parcs nationaux, au nom d'un plaisir très égoïste d'une minorité de gens somme toute très privilégiés et jusque là préservés de cet état de crise. Un peu de décence, de retenue, de modération, pensons aux hommes qui souffrent réellement, à ceux véritablement en danger. Pensons aux Tibétains pour qui la liberté (notion que vous mettez en avant) a un tout autre sens que pouvoir ou non grimpatouiller sur un bout de cailloux. Les réels problèmes sont ailleurs, bien moins futiles, pas la peine d'en rajouter, merci !

Aussi noble et vénérable soit-il, rien ne donne le droit à l'alpinisme d'aller au-delà du respect de son terrain de jeu. Il serait le premier à en pâtir . A moins que l'alpinisme moderne, façon Vertical, ne consiste plus qu'à réaliserune suite d'exploits, de M9+a21/3, à coup de friends n°5xxl et de besoins égocentriques à assouvir coûte que coûte. Allons en montagne aussi pour la montagne et surtout pour la montagne. L'alpinisme n'aura de sens que s'il se pratique dans un milieu préservé et respecté, loin du règne de la consommation, du culte de la personnalité et du paraître.

Pour cela, alpinistes de tout poil, nous devrons faire des concessions et pourquoi pas des sacrifices. En cela les alpinistes seront bien plus que des Hommes comme les autres.

Des hommes comme les autres, peut-être ne le sommes-nous pas ?

Jean-Luc Borelli, Araches


Précision

Un petit rectificatif concernant le chapeau de la tribune de Claude, Pierre et Bernard : la directive Natura 2000 n'en est pas une. Natura 2000 n'est qu'un inventaire des zones sensibles de chacun des quinze pays de l'Union européenne. Il n'est nulle part question de protection. La directive s'appelle Habitat et c'est tout autre chose. Par contre, il y a bien un projet européen pour réglementer et aller vers des interdictions de sites d'escalade.

René Sournia, Ville-la-Grand


Sur le dos des morts

Je vous fais parvenir mon adhésion au manifeste pour que l'alpinisme reste l'art de gravir les montagnes. Je vous joins également ma réaction à tout ce qui fait surface depuis quelques temps à propos de l'alpinisme en général et du ski en particulier.

Vous jugerez peut-être certains de mes propos comme étant un peu excessifs, à tort ou à raison.

Personnellement, je les ai écris avec mes tripes car je considère que l'on ne combat pas la stupidité avec la pondération. C'est de toutes façons la synthèse, résumée, condensée à l'extrême, de réflexions menées depuis plusieurs mois, voire plusieurs années ; depuis qu'un certain Christian Brincourt a laissé paraître une énormité dans Le Figaro Magazine qu'il n'a même pas jugé utile de corriger, malgré mes protestations passées sous silence dans le courrier des lecteurs. Suffit-il d'avoir côtoyé des célébrités comme Louis Lachenal pour s'offrir le luxe de la susceptibilité ? La coquille était pourtant de taille car elle pouvait être à l 'origine de graves accidents.

J'ai vécu vingt ans à Villard-de-Lans mais je suis de Saint-Crépin près de Guillestre. C'est pourquoi je me permets de réagir en autochtone.

Mes allégations n'ont rien de gratuit. Je me suis trouvé moi-même en situation extrême : j'étais en compagnie de Serge Rosso lorsqu'il s'est tué dans la vallée du Fournel il y a six ans en janvier 1992 (le drame des Orres en fut le triste anniversaire). Lui a payé le prix fort et il n'a même pas eu droit à la plus petite oraison funèbre. Son dernier regard fut celui du professionnel soulagé de n 'avoir entraîné personne dans sa chute. Mais cela n'intéresse pas les médias du grand public.

L'heure est grave et le glas de la sérénité a sonné.

Insidieusement, nous arrivons au point de non retour où le droit, au lieu de servir l'homme l'asservit en restreignant sa liberté au lieu de la garantir.

Vous, médias spécialisés, instances fédérales (Club alpin français, Fédération française de la montagne et de l'escalade, Groupe de haute montagne, Union internationale des associations d'alpinistes, etc.) êtes nos seuls défenseurs car vous avez voix au chapitre dans les grandes délibérations qui vont conditionner l'avenir de l'alpinisme. Ne laissez pas Paris et encore moins Bruxelles décider de quoi que ce soit au plus grand mépris des habitants des vallées (exemple : Natura 2000).

Nous, petites gens des montagnes au milieu desquelles nous sommes nés (même si les obligations professionnelles nous expatrient cinq jours sur sept), ressentons déjà suffisamment de frustration du fait que les décisions au niveau des parcs nationaux soient prises sans concertation en dépit de nos opinions et de nos activités alpines.

Nous refusons d'être enfermés dans une réserve où quelques Européens (puisqu'il faut les appeler ainsi) viendront nous jeter des cacahuètes quatre mois de l'année pour en payer le prix fort durant les huit autres. Nous refusons que nos élus soient traînés comme des brigands devant les tribunaux, à cause d'un appétit d'une aventure que ces consommateurs sont trop souvent incapables d'assumer. Il est si facile de gagner de l'argent sur le dos d'un mort en se constituant partie civile, en prétextant :« Plus jamais ça »... Cela donne bonne conscience !

Vous seuls pouvez empêcher de tels débordements juridiques ou législatifs qui sont susceptibles de n'engendrer que la désobéissance civile car ils sont inacceptables sur le plan du droit des montagnards à disposer librement d'eux-mêmes et du milieu dans lequel ils vivent depuis la nuit des temps.

Attitude romantique et irréaliste ? Dans une pareille configuration, I'objection devient un fait de résistance ; allez donc taxer de romantisme et d'irréalisme ceux qui ont résisté aux Nazis pour notre liberté ! La comparaison n'est pas inopportune car c'est la reconnaissance de la souveraineté de l'homme et de son libre arbitre qui est menacée.

Autrefois, dans nos contrées du Haut Val Durance, la population a versé au Dauphin des sommes colossales durant des décennies, pour préserver leur droit de ne pas s'agenouiller devant les grands du royaume. Ce n'est pas pour plier l'échine devant des bureaucrates, fussent-ils puissants. Soyez sûrs qu'ils résisteront...

Que ceux qui prétendent tout contrôler ne l'oublient jamais : dans un pays au bord de l'explosion sociale, il ne faut pas exaspérer le peuple en lui retirant la seule échappatoire qui lui permette de ne pas péter les plombs...

Philippe Wourm, Saint-Christophe


L'orgueil et l'humilité

(...) Comment ne pas admettre que là haut, amateurs et professionnels partagent les mêmes joies et partagent les mêmes risques. Devant la mort, avant d'être responsable devant la loi, les professionnels et leurs clients sont des hommes qui, jusqu'à l'accident, parcouraient ce monde en quête du bonheur, poussés par cette éternelle source d'émerveillement qu'est la montagne et peut-être aussi un peu trop pour fuir le développement d'une pourriture galopante des relations sociales de la vie quotidienne qu'apporte chaque jour un peu plus la presse et des touristes insoucieux de leur vie (qu'ils ne savent différencier de leur fortune) et de celles des autres. (...) Souvent, leur place sociale leur donne un sentiment de puissance. Mais là haut, les règles ne sont plus les mêmes. En montagne, ce sont des hommes qui se promènent et la montagne les traite en tant que tels. Libre à eux de troquer leur orgueil contre l'humilité. (...)

Grégoire Degueurce, lycée militaire de Saint-Cyr


Un art de vivre

(...) L'alpinisme est aussi un état d'esprit et une manière de vivre et nul ne peut empêcher quiconque de penser différemment d'un autre. L'art de vivre de chacun doit demeurer du domaine de la liberté individuelle du moment que le voisin n'est pas dérangé. (...) L'alpinisme est une activité qui comporte certains risques et une part d'imprévisible. Ces deux éléments, associés au plaisir lui-même de l'exercice montagnard, font l'attrait de notre sport. Que serait un alpinisme dénué de tout risque et de tout facteur imprévisible ? Une simple activité aseptisée, réduite à la seule technicité du passage à franchir, transformant la voie en une autoroute verticale ? Heureusement, ce concept relève à mon sens d'une utopie totale. (...)

Gérald Trocadéro, Marseille


Apprendre à tendre la main

En liaison avec votre article dans Vertical nous vous remettons ci-joint notre réflexion sur la question concernant les règles éventuelles censées régir la présence de l'homme en montagne, sous forme d'une lettre adressée à ceux qui prétendent dominer le pouvoir de réguler l'espace par son appropriation et sa codification.

Vous qui possédez tant de biens, je conçois que la lourde charge que représente leur entretien vous incite à légiférer, codifier, ordonner et gendarmer pour les protéger. Vous vous considérez maître de vos lieux et entendez bien faire respecter vos lois mais attention, prenez garde aux jaloux qui, sous l'emprise de la convoitise, chercheraient à s'approprier vos pouvoirs et faire reculer vos frontières. Votre toute puissance attisera celles de vos homologues alors, armez vous, non pas de canons puisque ce n'est plus à la mode, mais de ces règlements qui sont les vôtres. Par voie de conséquence acceptez que tous ceux qui doivent s'y plier se retournent contre vous au moindre dérapage.

Nous, qui ne possédons rien, notre domaine est simple, éphémère et se limite à nos sens.

Nous sommes ainsi un peu chez nous partout où nous allons mais avouons ressentir quelque gène dans vos espaces si bien codifiés. Alors, nous le reconnaissons, nous cherchons souvent à nous mettre hors loi (et non hors la loi) dans ces espaces où, nous le croyions, rien n'est à personne, où tout est à tout le monde et où, naïvement, il suffirait de se respecter donc d'offrir le respect. Pas de pouvoir, pas de trésors à posséder, pas de haine donc pas de combat sinon contre soi-même. Nous ressentons même de temps en temps une certaine fierté pour savoir évoluer là où il n'y a plus de repères, nous avons appris à écouter, sentir, regarder et à tendre la main.

Un jour peut-être nous aurons besoin que quelqu'un nous tende la sienne.

Oh, nous en avons conscience, ce ne sera pas la vôtre. Elle est bien trop occupée à régler vos problème : puissance, profit, législation.

Messieurs, ici bas vous êtes, ici bas restez ; ne montez pas vos mauvais principes, ne renouvelez pas vos échecs. La montagne n'a pas besoin de code mais doit être apprise, patiemment, avec prudence et respect de soi-même, donc des autres.

Demain nous retournerons chez vous et nous nous plierons à votre système. Nous n'avons pas le choix et cela devrait suffire à vous plaire.

Tout autant qu'à nous, ces espaces là-haut ne vous appartiennent pas.

Isabelle Sylvain et André Reboux, Crolles


Ski fiction ?

Ça y est. Enfin il le tient son hors piste. Aujourd'hui, 25 février 2020, Jean Du Pasperdu est radieux. C'est son anniversaire et cela fait deux ans qu'il attend un visa européen pour avoir le droit de descendre le Pas-de-chêvre depuis les Grands Montets !

Il a fallu d'abord passer des examens sur des pistes raides en toute neige, puis subir un examen médical poussé pour les assurances bien sûr, puis beaucoup d'autres encore : orientation, survie, connaissance de la neige, météo, secourisme, connaissance du matériel, préparation d'un sac à dos, physiologie de l'altitude, écologie, droit, etc.

En plus, il a fallu payer 10 000 euros pour les frais administratifs, l'organisation et l'assurance, plus 5 000 euros à la commune pour les secours éventuels et le droit de skier hors du domaine. Et encore, c'est moins cher qu'une véritable randonnée en montagne. Seuls quelques richissimes peuvent encore se payer ça : il faut tellement de monde pour l'organisation.

Bien sûr, Jean aurait pu prendre un guide, ce qui lui aurait évité tous ces frais et ces tracas, mais il aurait perdu l'impression d'être le maître de son aventure.

Il est maintenant prêt à attaquer la descente. Il se retourne et aperçoit encore à la sortie de la benne sa famille et les deux brigades blanches qui l'ont accompagné. Un signe de la main et il s'élance de son style sûr et précis. La neige est excellente, évidemment puisque l'on a attendu qu'elle le soit pour lui accorder l'autorisation.

On a également pris soin de baliser la descente et de faire sauter toutes les plaques à vent, ainsi que de faire tomber les pierres qui auraient pu se détacher lors de sa descente.

La météo est stable pour au moins une semaine. Pas de vent, pas de nuage, la neige ne risque pas de se transformer.

La température est idéale. Ni trop chaude ni trop froide.

Un hélicoptère le suit, à distance respectueuse afin de prendre des photos pour le souvenir et de le rappeler à l'ordre avec un porte-voix au cas où il déciderait de prendre des risques en descendant trop vite ou en dehors des balises.

Les virages s'enchaînent sans interruption jusqu'au pied de la pente qui rejoint la Mer de Glace. Jean a la condition.

Il s'autorise une pause et enlève ses lunettes afin de mieux contempler la descente. Pour fêter ça, il sort une petite « topette » de gnôle de sa poche et boit un bonne rasade. Il traverse la Mer de Glace puis remonte au Montenvers où il a la surprise de rencontrer deux agents de la sécurité. Il ne s'inquiète pas : ses deux skis ont bien chacun une vignette fiscale de l'année en cours. Ils ont d'ailleurs également passé un contrôle technique il y a un mois à peine. Il a son visa en poche, son ARVA et sa pelle à neige et de plus il n'a pas quitté l'itinéraire d'un pouce.

Quelle n'est pas sa surprise quand on lui présente un P.V. de 200 euros ! Renseignement pris, il s'avère qu'il a commis l'erreur non seulement de ne pas s'être correctement réhydraté mais de plus, il a quitté ses lunettes en prenant le risque de s'abîmer les yeux. Il a pris un coup de soleil (visiblement il n'a pas mis assez de crème solaire) et comble d'insolence, il a bu un coup de gnôle.

« Hé bien mon gaillard vous avez de la chance, on pourrait contrôler vos skis et votre matos, mais bon, ça ira pour cette fois,c'est bien parce que c'est votre anniversaire. Allez, montez dans le train et vite, vous risqueriez de descendre à pied, c'est le dernier. Si vous le loupiez vous seriez obligé de payer un supplément d'aventure pour descente nocturne, sans compter les frais d'éclairage du sentier ».

Jean Du Pasperdu se dit que pour cette fois-ci il s'en tirait bien et que 200 euros, ça n'était pas cher payé pour les petits frissons d'interdits qu'il s'était offerts et que s'il n'avait pas été attendu, il aurait loupé le train pour finir l'aventure en beauté. L'année prochaine peut-être ?

Pourquoi pas nous...?

R. Franchin, Belfort


En réponse à Jacques B.

Monsieur Jacques B. est inquiet : la législation envahit la montagne et la pratique de l'alpinisme. Effectivement, c'est préoccupant. Et qui donc veut empoisonner l'alpinisme de la sorte ? Monsieur Jacques B. le sait : c'est un « fonctionnaire anonyme et frustré » qui veut tout réglementer ! Comme monsieur Jacques B. peut s'en douter, je suis un fonctionnaire qui, d'une part, ne se sent pas frustré et qui d'autre part, contrairement à lui, signe son courrier ! Je répondrais à ce monsieur que l'on peut être fonctionnaire et alpiniste amateur (les exemples célèbres foisonnent) ou professionnel (professeurs de l'ENSA ou du PGHM, militaires). Sur le fond de la question, si le juridique envahit notre pratique, ne vient-il pas à l'esprit de monsieur Jacques B. que les assureurs privés à la recherche de responsables pour les dédommagements des victimes d'accidents ont leur part de responsabilité justement dans la multiplication des procès. Ne lui vient-il pas à l'idée que si la montagne et l'alpinisme n'étaient pas devenus des marchandises exploités par les professionnels, le droit y trouverait moins de grain à moudre ? Si l'alpiniste ou le grimpeur ne se comportait pas en consommateur des services d'un guide, d'une collectivité, du travail passionné d'un équipeur ou d'un ouvreur, mais plutôt en acteur impliqué et responsabilisé, qui irait porter plainte et crier au scandale dés qu'une pierre se décroche ? Pour une bonne part, la montagne est devenu un marché ou des consommateurs achètent à des pros une marchandise qu'ils appellent « aventure », pour eux ou leurs enfants, sans accepter d'en payer le prix véritable qui est le danger ! Mon propos est certes caricatural, mais beaucoup moins que le cliché éculé du fonctionnaire frustré liberticide servi par l'anonyme Jacques B. (il est jaloux peut-être !).

Pierre Bonnard, par Internet


En réponse à Jean-Luc Borelli

Les alpinistes, pour défendre ce en quoi ils croient, expliquent ce que les décideurs ne comprennent pas : leur différence. Ils ne rejettent pas nécessairement la société moderne. C'est plutôt l'expression d'un besoin de décompresser, parfois. Quant aux lobbies, tout comme d'un point de vue d'extrême droite, la gauche et l'extrême gauche paraissent confondues, du point de vue de l'intégrisme écologique, l'alpinisme et la chasse semblent également nuisibles au biotope. Il est parfois commode de confondre le lobbying et le militantisme. Pour information, le parapente vient de vivre en Allemagne une grande première : un procès intenté par un particulier à un fabricant a été perdu par le fabricant, condamné à 3,5 millions de francs de dommages et intérêts et qui a donc mis la clé sous la porte. Ce qui équivaut quasiment à l'arrêt de mort de l'activité si les juges français emboîtent le pas à leur homologue allemands (ce qui ne fait guère de doute). Je crois d'ailleurs pouvoir dire sans m'avancer beaucoup, qu'à l'origine des Parc nationaux en France, on trouve des alpinistes auteurs de « tergiversations bassement anthropiques » dont les Amy, Asselin, Cordier... sont les héritiers. Nous savons tous que « les activités sportives de montagne (I'alpinisme au sens large) ne sont pas sans impact sur l'environnement ». La solution n'est pas d'interdire mais d'éduquer. Quant au gypaète, les Pyrénées en regorgent (quatorze couples au dernier dénombrement, de mémoire). Les sites de nidification menacés de dérangement sont, par le bouche-à-oreille, identifiés, puis respectés par les grimpeurs qui s'interdisent ainsi de nombreuses falaises. Soit dit en passant, le bouche-à-oreille est le seul moyen dont nous disposions pour respecter ces sites, puisque le Parc national refuse de nous indiquer leur emplacement, (pour pouvoir ensuite mieux nous sanctionner ?) C'est ma perception égoïste de l'alpinisme, mais quid de ceux qui veulent en faire leur profession ?

Pierre Puiseux, par Internet


Que d'aigreur dans les propos des uns et des autres !

Je partage par contre assez bien l'avis de M. Borelli lorsque il écrit : "les alpinistes basculent dans le camp des populations opprimées et sous couvert de cette présumée persécution, se mettent à déraper (...) Comme d'autres corporations, ils se mettent à part (et si possible au dessus) en rejetant la société moderne, en s'accaparant un milieu au nom d'une idéologie (...) Il est plutôt malvenu de remettre en cause certaines choses comme l'Europe et Natura 2000, les lois, les Parcs, au nom d'un plaisir très égoïste d'une minorité de gens somme toute très privilégiés ..." Mon point de vue est que l'alpinisme n'a pas a échapper à une quelquonque règle sociale. Cette activité est une pratique sociale comme une autre, et à ce titre elle ne saurait échapper au code civil et au code pénal.

Évidemment, quand l'alpinisme ne concernait qu'une toute petite minorité de gens qui pratiquaient en purs amateurs, les conflits donc les procès étaient rarissimes, et par voie de conséquence, la jurisprudence inexistante.

Avec le développement de la pratique, souvent sous des formes commerciales, conflits, procès et jurisprudence se développent. Rien de plus banal !

Que voudraient tous ces "débatteurs" qui s'alarment de la recherche de responsabilités ? Que les lois ne s'appliquent plus à la montagne et à l'alpinisme ?

Imaginons :

1/ un mari volage emmène sa femme grimper, mais en fait, dans la troisième longueur très expo, elle tire un grand coup sec sur la corde. Tapis bien mérité ! On est en montagne, liberté absolue, pas d'enquête de gendarmerie, il faut connaître ses limites et ne pas grimper plus haut que son cul, l'Alpe homicide ....

2/ un centre de vacances propose un grand bol d'air pur à 50 enfants des banlieues, et pour pas cher, car il faut faire social. Il y a même une subvention communale et une autre du comité d'entreprise. Il faut démocratiser l'alpinisme ! Sur le glacier, le seul guide, payé à la journée, a du mal à faire respecter les consignes. Les BAFA n'y comprennent rien. Les adultes accompagnateurs, réputés compétents car membres de l'Education Nationale, ont mis leurs baudriers à l'envers. Un gamin se décorde pour aller faire pipi, et flop, dans le pot ! Circulez, il n'y a rien à voir, l'alpinisme comporte une part d'acceptation des risques; les parents savaient à quoi ils exposaient leurs enfants ....

3/ Jean Marc, 30 ans, beau gars, drague Carole, 19 ans, au Maccumba. Il est alpiniste, elle a grimpé sur le mur du lycée. Ils veulent s'épater. Au sortir de la boite c'est parti pour une TDinf de 8 longueurs; elle merde dans la traversée expo, pour démousquettonner, du mou ! pas de va et viens, pas de casque, bim bam boum, qu'elle heure est il à la pendule ! il ne sait pas faire les mouflages ....

Pourquoi Jean Marc serait il plus innocent que le motard qui ce même week-end aurait pu verser Carole dans le fossé ?

En fait, il me semble tout à fait logique que la théorie du "risque accepté" ne puisse concerner que des gens pratiquant en amateurs avec une compétence équivalente. C'est bien ce qu'essayent de déterminer les tribunaux à chaque cas d'espèce.

Certains fantasment sur le futur "permis de grimper".

Effectivement, si les comportements irresponsables se multipliaient (au sens de mettre en danger la personne d'autrui, pas sa propre personne), une telle réglementation ne manquerait pas d'être mise en place. Il y a bien un permis de chasser !

C'est pourquoi il vaut mieux que quelques bons procès pédagogiques permettent à tout un chacun de prendre conscience des responsabilités élémentaires que doit assumer un citoyen, même en montagne.

Alors, la montagne espace de liberté, c'est fini ?

Bien sur que non, mais outre que l'anarchie est meurtrière de la liberté, la liberté ne peut se concevoir sans responsabilité.

Quant à la montagne "dernier espace de wilderness", qu'est ce qui justement a pu la préserver ainsi pour une petite part ? La loi, et seulement elle, quand elle s'en donne les moyens.

Donc unissons nous pour que prévale, au travers de la loi, une protection de la montagne plus large.

Pierre BONNARD, Bourg en Bresse

 


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